• Habituellement j'illustre toujours mes écrits par une photo mais cette fois ce sera volontairement un texte neutre vous comprendrez pourquoi en le lisant.

    Après trois semaines d'hospitalisation je suis transférée à Niort dans un centre de rééducation. Je vais enfin pouvoir avoir des visites de ceux que j'aime ma fille, mon petit-fils et mes amies.

    Pour mon mari qui ne m'a jamais quitté depuis mon opération, pour eux et pour moi, je redouble d'efforts, et pas les moindres, pour sortir au plus vite de ce fauteuil roulant pour pouvoir remarcher, même si je sais qu'il me faudra toujours une prothèse et une canne, mais mon chirurgien m'a dit que c'était possible, et j'y arriverai, il le faut.

    Mais voilà il y a 15 jours que je suis là à l'attendre mon "grand" de 20 ans et à part ses appels téléphoniques je n'ai toujours pas eu le plaisir de sa visite. A chaque fois il trouve un prétexte. Un jour que je n'avais pas le moral je lui ai laissé un message sur le répondeur de son portable en le remerciant de s'occuper d'abord d'aller voir ses copains et copines avant moi. Et puis une autre fois il me dit puisque tu dois avoir une permission de sortie pour le week-end prochain j'irai te voir à la maison avec maman. Bon d'accord j'attendrai encore une semaine !!!

    Le samedi après-midi sa mère arrive seule, grosse déception, elle me dit Romain n'était pas près il va venir d'ici une demi-heure.

    En effet il arrive, avant de me dire bonjour, il me regarde et me dit : "tu es encore dans ton fauteuil de merde". Sa mère se fâche et lui demande de s'excuser de la façon dont il me parle. Je lui réponds que c'est une affaire entre nous deux qu'elle ne s'en mêle pas. Puis je lui dis : avant de me dire des idioties tu feras mieux de me faire un bisou depuis le temps que je ne t'ai pas vu. Ce qu'il fait d'ailleurs. Puis il se révolte en disant "tu me dis que tu as un super chirurgien en qui tu as toute confiance, et puis tu rentres à l'hopital sur tes deux jambes et tu en ressort dans un fauteuil, ton opération a été loupée et tu ne veux pas me le dire, moi tu sais ton chirurgien il ne me fait pas peur, je prends ma bagnole, et je vais lui casser la gueule".

    Je l'ai laissé se défouler jusqu'à ce qu'il se calme , et après je lui ai dit, bon maintenant que tu as fini de dire toutes tes absurdités nous allons prendre l'apéro. Il a fait comme moi en riant il m'a dit je prends la même couleur que toi (de l'apéro sans alcool). Mais je venais de comprendre pourquoi il n'était pas venu me voir au centre parcequ'il ne pouvait pas admettre de me retrouver en fauteuil.

    Dans la nuit du dimanche au lundi j'ai beaucoup pleuré et le matin l'infirmière s'est aperçue que je n'étais pas comme d'habitude, moi qui accueillait le personnel toujours avec le sourire, là j'ai craqué et tout de suite elle m'a emené voir le psy.

    Je me sentais coupable envers mon petit fils de l'avoir trop protégé (il faut dire que je l'ai élevé depuis l'âge d'un mois) et le psy m'a déculpabilisée en me disant qu'il avait eu cette réaction tellement il tenait à moi, il avait eu trop peur de me perdre, tout cela c'était par amour. Et qu'il valait mieux qu'il se soit révolté en s'extériorisant plutôt que de garder tout cela pour lui ou là il aurait pû arriver à faire des bettises. J'ai eu une dizaine de séances pour parler et comprendre ces ados qui se révoltent, ces personnes sont là pour cela et il ne faut pas hésiter à aller les consulter avant que les choses s'enveniment.

    Je n'arrivais pas à comprendre comment un grand gaillard d'1,90m  de 20 ans, un peu matcho, j'oserais dire un peu "branleur" sur les bords qui n'a peur de rien, pouvait avoir un coeur aussi tendre envers sa mamie.

    Deux jours après il m'appelle au téléphone pour me dire "j'ai deux femmes que j'adore dans ma vie : toi et maman" puis il ne me laisse pas le temps de répondre et il raccroche. Et là je me dis qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas !!! Je l'ai rappellé pour lui dire je suis contente de ce que tu viens de me dire mais je ne veux pas que tu le dises dans cet ordre-là. Je veux que tu dises : deux femmes maman et toi. En rigolant il me dit "mais c'est pareil", non lui dis-je ce n'est pas pareil, maman elle t'a mise au monde et ça tu ne le changeras pas, moi j'ai toujours été à tes côtés, c'est le rôle d'une mamie, et dire cela devant maman ce serait lui faire un affront. Il m'a dit "bon alors je dirai : vous êtes les deux femmes de ma vie".

    Ensuite il est revenu régulièrement me voir au centre, il m'acompagnait jusqu'en salle de kiné où d'ailleurs il a rencontré les personnels qui s'occupaient de mes séances de rééducation et qui lui ont expliqué les aboutissants des soins qui m'étaient prodigués.

    Nous étions déjà très proches l'un de l'autre mais cette épreuve a eu au moins un avantage c'est de nous rapprocher encore plus. Il reste mon "petit minou" même si devant les copains j'évite ce diminutif car après on se fout de sa gueule paraît-il mais les copains lui disent "tu as de la chance d'avoir une mamie si cool" et là je ne vous cache pas que j'en suis fière.

    J'ai longtemps réfléchi avant de mettre mon texte si intime en ligne, mais j'ai pensé que s'il pouvait faire réfléchir et servir ne serait-ce qu'à un seul parent pour améliorer la relation avec son ado alors je n'aurai pas écrit mon texte pour rien.


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